Pont de la Sarde endommagé par Fiona : les agriculteurs pénalisés
Eddy Golabkan Nadine Fadel et AFP
8 octobre 2022
Les agriculteurs de La Sarde, à Capesterre-Belle-Eau, sont toujours pénalisés, depuis le passage de Fiona sur la Guadeloupe. Ils ont dû cesser leurs activités, depuis que la route traversant le quartier et menant à leurs exploitations a été endommagée par le phénomène cyclonique. Les pertes sont considérables, particulièrement pour la filière banane.
Depuis le passage de la tempête tropicale Fiona sur la Guadeloupe, soit depuis la nuit du 16 au 17 septembre 2022, la route départementale qui traverse le quartier de La Sarde, à Capesterre-Belle-Eau, est considérablement endommagée, voire impraticable par endroits. Il est impossible de l’emprunter, en particulier pour les véhicules lourds.
Outre les riverains, les planteurs de Bananes, les éleveurs et les autres exploitants agricoles, dont les terres se trouvent dans les hauteurs de cette section, ont dû cesser leurs activités.
18 exploitations agricoles, dont 14 de bananes, une d’élevage et le reste du maraîchage, sont coupées de tout accès. Seule une bande de terre, à peine sécurisée, relie chaque côté de la route.
Les productions ne peuvent être récoltées ; cela engendre une perte sèche.
Le pont qui est ici, il est fragilisé, donc les conteneurs ne peuvent pas traverser.
Célia Sinitambirivoutin, agricultrice
On ne peut pas exporter les régimes qui sont là. Ils devaient être exportés il y a une à deux semaines de ça. Là, ils ne seront plus exportables. C’est les couper et les mettre à terre, personne ne pourra venir les récupérer pour faire quoique ce soit. On ne peut pas les transformer, on ne peut rien faire avec.
Damien Frair, planteur de bananes
Les animaux qui étaient prêts pour l’abattoir sont encore là, à la charge des éleveurs.
Depuis la tempête Fiona, ça fait environ 60 porcs qui ne sont pas sortis de notre élevage. Les porcs qui ne sont pas sortis en septembre, prennent la place de ceux d’octobre.
Grégory Bihary, éleveur de porcs
Hier, vendredi 7 octobre 2022, trois semaines après le passage du phénomène cyclonique, les présidents des collectivités régionale et départementale se sont rendus sur place. Ils entendent mettre en place des solutions, pour les usagers des lieux ; des travaux ont donc été entamés, afin de leur rendre cet axe. Une première portion devrait être livrée d’ici une semaine.
(C’est à voir dans le reportage d’Eddy Golabkan et de Ludovic Gaydu, ci-dessus).
La filière banane accuse environ 7 millions d’euros de manque à gagner, après Fiona, a indiqué le groupement des producteurs bananiers de Guadeloupe, vendredi. Cela correspond à 8% de la production globale attendue sur deux ans, “en année glissante sur 2022 et 2023“, soit 10.717 tonnes.
La filière banane compte 175 producteurs, pour 1.932 hectares de surface plantée dans l’archipel ; elle envisageait de produire près de 60.000 tonnes de fruits, en 2022.
Le groupement estime ses besoins financiers, pour les deux ans à venir, à 12 millions d’euros. Son calcul intègre les surfaces à arracher ou replanter, ainsi que les pertes dues aux dégâts causés aux infrastructures (routes, systèmes d’arrosage, etc.)
Selon Hugues Narayaninsamy, à la tête d’une exploitation de 17 ha, la tempête Fiona n’est pas comparable à “un cyclone qui couche la totalité des champs“. “Mais là, souligne-t-il, on voit pourrir les bananes sur pied“.
Le secteur de la banane est le premier employeur agricole de l’île, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE).
D’autres filières agricoles sont aussi touchées, mais “il est encore un peu tôt” pour dresser un bilan, selon la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) de Guadeloupe.