Difficile de quantifier les pluies depuis la destruction du radar météo du Diamant
Peggy Pinel-Fereol
28 juin 2022
Cet équipement utilisé par les météorologues de Météo France Martinique a été incendié lors des évènements de novembre 2021. La remise en service, prévue en juin 2022, n’est toujours pas effective alors que la saison cyclonique a commencé.
Peggy Pinel-Fereol •
L’onde tropicale qui a intéressé la Martinique s’évacue et laisse place à un ciel plus apaisé. Mais une nouvelle perturbation devrait passer sur l’arc antillais mardi 28 juin 2022 et générer elle aussi des orages.
Les météorologues ont relevé lundi 27 juin 2022 jusqu’à 40mm de pluies en 12h à Fonds-Saint-Denis. Des précipitations qu’ils ne peuvent plus prévoir avec précision depuis novembre 2021. Lors des incidents violents, le radar situé sur le morne Pavillon au Diamant a été brûlé. Cet acte de vandalisme les prive d’un outil de prévision important en pleine saison cyclonique.
Ce sont des radars qui permettent de voir toutes les pluies dans un rayon de 400 kilomètres. C’est encore plus précis quand on est dans un rayon de 50 à 100 kilomètres où là il est possible de suivre non seulement avec précision le déplacement des pluies, leur intensification ou au contraire leur désagrégation. Nous avons également des algorithmes qui permettent de quantifier pour dire “sur l’ensemble de la Martinique, voilà ce qu’il y a comme quantité de pluie”. Ce que nous ne pouvons pas faire avec des pluviomètres qui sont très ponctuels. Cela permet d’anticiper les pluies qui arrivent. De voir comment elles se comportent, s’il y a un risque ou pas, si elles vont s’intensifier, passer à droite ou à gauche…
Jean-Noël Degrace, Météo France Martinique
Des informations qui étaient également partagées sur le site de Météo France Martinique. L’animation radar qui balayait la Martinique en gros plan n’est plus accessible et n’offre qu’une vision sur l’ensemble des Antilles.
Illustration des pluies vues par le radar de Martinique. • ©Météo France Martinique
Pour palier l’équipement manquant, les scientifiques de la station météo utilisent les radars de Guadeloupe et de Barbade. Mais ces derniers, plus éloignés, ne permettent pas la même utilisation.
Plus l’on est loin du radar, moins l’on voit bien les pluies et précisément et on rate des choses. Ils ne faut pas être trop loin. Avec celui de la Guadeloupe, nous sommes en limite de ce qu’il est capable de donner comme précision. Nous voyons des choses, mais nous savons que nous ne voyons pas tout. Et surtout nous ne pouvons pas quantifier. Celui de Barbade, est un peu plus proche donc nous voyons un peu mieux, mais là encore il est impossible de quantifier.
Après l’incendie, il a fallut nettoyer, décontaminer puis procéder à la remise en oeuvre de l’électricité avant la réparation du radar qui devait reprendre du service en ce mois de juin. Malheureusement, les techniciens font face à des déficits de pièces qui retardent la fin des travaux. Aucune date n’est avancée, mais tous espèrent une remise en service dans les prochaines semaines.
Ce radar d’ancienne génération, fonctionnel depuis janvier 1998, est le tout dernier sur l’ensemble de la France. Son remplacement et la rénovation du bâtiment, pour un coût 1,8 million d’euros, sont prévus pour le premier trimestre 2023.