Le cyclone, phénomène climatique le plus redouté aux Antilles entre juin et octobre
Guy Etienne
2 juin 2022
La saison cyclonique vient de débuter en Martinique et en Guadeloupe. Elle s’étend habituellement de juin à octobre chaque année, une période qu’appréhendent les habitants par rapport à la dangerosité des tempêtes tropicales.
Le cyclone tropical est un des phénomènes atmosphériques les plus puissants. “L’énergie titanesque qu’il met en jeu équivaut à plusieurs bombes atomiques de type Hiroshima par seconde”.
Il fonctionne comme une machine thermique, une pompe à chaleur avec une source froide, la haute troposphère, et une source chaude, l’océan où le cyclone puise l’énergie thermique qu’il transforme ensuite en mouvement tourbillonnaire et en nuages précipitants.
Le cyclone tropical agit ainsi comme une soupape de sécurité permettant d’évacuer dans l’atmosphère, le trop-plein d’énergie accumulé dans les océans tropicaux surchauffés (donc prioritairement en période estivale).
Que ce soit en pleine mer ou a fortiori à l’approche des terres émergées, la libération colossale d’énergie du cyclone sous forme de mouvement (le vent) ou de chaleur latente (les précipitations) s’accompagne de phénomènes divers pouvant avoir tous localement des conséquences cataclysmiques. Les dangers majeurs du cyclone sont ainsi liés à l’action du vent, de la pluie, et de la mer (houle cyclonique et marée de tempête).
La force du vent et les changements brutaux de direction et d’intensité qui peuvent l’accompagner sont la source de dégâts considérables. L’ordre de grandeur des vents près du sol soufflant au cœur des cyclones les plus intenses est de 250 à 280 km/h
Classification des cyclones et la force de leurs vents sur l’Echelle Saffir-Simpson. • ©Météo France
Des pluies torrentielles accompagnent le passage d’une perturbation tropicale et peuvent entraîner “des conséquences souvent plus dévastatrices que le vent” (inondations, glissement de terrain, coulées de boue, éboulis, crues, torrents ou ravines débordant).
Ces pluies sont mesurées en millimètres (mm). Un millimètre enregistré correspond à 1 litre d’eau tombé sur 1 mètre carré. Par exemple 100 mm de pluie correspondent à 500 000 litres d’eau tombés sur un terrain de football estime Météo France.
Au cœur du cyclone, les vents violents génèrent par frottement avec la surface de la mer des vagues énormes pouvant atteindre 10 à 20 mètres de hauteur significative. “La vague la plus haute levée par un cyclone et mesurée par un navire, fut estimée à 34 mètres (bâtiment américain USS Ramapo) le 7 février 1933 dans le Nord-Ouest du Pacifique”.
La houle cyclonique est engendrée lorsque les vents forts soufflent suffisamment longtemps sur une même zone. La hauteur de la houle dépend donc de la vitesse des vents et de la durée pendant lesquels ils ont soufflé.
Bien que beaucoup plus méconnue, la marée de tempête est le phénomène le plus meurtrier et dévastateur qui accompagne les cyclones.
Elle est particulièrement dangereuse pour les régions côtières de basse altitude qui possèdent une baie avec un plateau continental étendu et peu profond, où l’énorme quantité d’eau soulevée par le cyclone peut pénétrer jusqu’à plusieurs kilomètres à l’intérieur des terres en noyant et détruisant tout sur son passage (générant des raz-de-marée comparables à ceux occasionnés par des tsunamis d’origine sismique -tremblements de terre-, mais avec lesquels il ne faut toutefois pas les confondre).
Image satellitaire du cyclone Hugo (16 septembre 1989) • ©Amicale des Ouragans / DR
Aujourd’hui, les cyclones (comme Hugo en 1989 en Guadeloupe ou Dean en 2007 en Martinique) sont plus facilement observables et on peut mieux estimer leurs dimensions et le détail de leur structure. Un modèle spécifique de prévision de trajectoire et d’intensité développé par chaque CMRS (Centre Météorologique Régional Spécialisé) simule leur évolution. “Les prévisions actuelles ne peuvent excéder une échéance de 24 heures. Au-delà, il s’agit de tendances”.
(Sources : Météo France)
Photo satellitaire de Dean en 2007. • ©Noaa