La culture du risque est-elle un concept ou une réalité ?
Jean-Marc Party
27 septembre 2021
La Martinique est exposée à une multitude de risques naturels majeurs, mais notre prise de conscience tarde à ce sujet. Pourtant, de récentes catastrophes devraient nous alerter en vue de nous préparer au pire.
Jean-Marc Party •
Après le triste 32e anniversaire du passage de l’ouragan Hugo sur la Caraïbe en septembre 1989, sommes-nous vraiment prêts à nous prémunir contre les effets dévastateurs d’une telle catastrophe ? Cet ouragan n’est pas passé sur la Martinique comme sa trajectoire le laissait à penser. Il a fracassé la Guadeloupe puis frappé Sainte-Croix et Porto Rico.
La prise de conscience de notre vulnérabilité face à l’éventualité d’une telle catastrophe a rebondi, à l’époque. Depuis, la vigilance collective s’est atténué. Elle a été à peine stimulée par l’ouragan Maria en septembre 2017, qui a dévasté la Dominique et Porto Rico.
Septembre est le mois des cyclones, comme nous le savons. Nous pouvons en subir un prochainement. Et ce, même si les ouragans seront moins fréquents, mais plus violents ces deux prochaines décennies. La science a mauvaise presse ces temps-ci, hélas, mais les experts du climat nous alertent depuis longtemps pour éclairer nos choix civiques.
Notamment, sur l’urgence à prendre des décisions radicales concernant tous les aléas naturels auxquels nous sommes exposés. Par exemple, le risque volcanique. L’actualité immédiate devrait nous y aider. L’éruption volcanique aux Canaries et avant celle-ci, celle de Saint-Vincent, n’a provoqué aucune réaction localement. Pourtant, nous dormons au pied d’un volcan parmi les plus dangereux au monde.
Les deux dernières éruptions cataclysmiques de la Pelée, en 1902 et en 1929, ont provoqué des dégâts humains et matériels considérables. Sommes-nous certains de pouvoir absorber le choc d’une nouvelle explosion similaire ? Absolument pas ! La preuve, c’est que nous sommes persuadés que ce sont les villes et les habitants du pourtour de la Pelée, dans le nord de l’île, qui sont les premiers concernés. Grave erreur !
Les séismes ayant accompagné l’éruption de 1902 ont provoqué des dégâts jusqu’à Sainte-Anne. De plus, le risque d’engloutissement de l’île n’est pas exclu. Comme pour le Krakatoa, en Indonésie, en 1883. Son éruption a généré la disparition des terres immergées dans l’océan Pacifique.
Ne négligeons pas le risque sismique, encore plus prégnant. Haïti paie un lourd tribut, une fois de plus, après le tremblement de terre récent dans la région des Cayes. Nous croyons-nous à l’abri d’une telle catastrophe ? Pourtant, l’Observatoire sismologique et volcanologique enregistre des centaines de séismes chaque année, même si la plupart ne sont pas ressentis.
La conclusion s’impose : iI est grand temps d’élaborer un ambitieux plan d’éducation de la population.
Qui d’entre nous a déjà participé à un exercice de simulation de tremblement de terre, d’éruption volcanique, d’ouragan ou de tsunami ? Qui possède les gestes qui sauvent ? Qui connaît la marche à suivre lors d’une catastrophe naturelle ? Quand donc la culture du risque va cesser d’être un concept technocratique ?