93 années après son passage, le cyclone de 1928 reste un souvenir douloureux pour la Guadeloupe
Guadeloupe La 1ere
12 septembre 2021
Le 12 septembre 1928, un ouragan de catégorie 4 a provoqué la mort de plus de 1 200 Guadeloupéens – dont la moitié à Pointe-à-Pitre – et a ravagé l’archipel. Il s’agit encore de l’ouragan le plus meurtrier de la Caraïbe.
En ce milieu du mois de septembre 1928, en Guadeloupe, les services météo ne sont pas ceux qu’ils sont aujourd’hui. Conséquence, les habitants de l’île ignorent qu’un ouragan les menace.
Dès le 11 septembre, les signes annonciateurs sont pourtant là. Le ciel est bas et lourd, la mer enfle. Dans la nuit, le vent se déchaîne, mais dans l’archipel, l’inquiétude n’est toujours pas de mise. Au petit matin, le spectacle des éléments déchaînés alerte tout de même certains, mais ce n’est qu’à 10 heures qu’on obtient confirmation du pire. Un télégramme expédié ce jour, à 13 heures, depuis Porto Rico situe le centre d’une dépression cyclonique à seulement 300 miles (un peu plus de 480 km) de la Guadeloupe. Sa trajectoire probable la ferait passer droit sur l’île.
Avec les moyens de communication de l’époque, le gouverneur informe un maximum de personnes sur l’île dans le peu de temps qui lui est imparti.
La nouvelle est vite relayée dans toutes les habitations…
Le bruit des marteaux renforçant les portes et fenêtres se fait alors entendre. Les habitants tentent de se protéger en consolidant à la va-vite les portes et fenêtres des bâtiments. Mais il est déjà trop tard.
Mais tout d’un coup, la tempête est là et tout est dominé par le crissement des tôles froissées et le hurlement sinistre du vent.
Dès la mi-journée, plusieurs maisons sont arrachées de leur fondation. Dans certaines zones, la situation est carrément désespérée. Venu de la mer, un véritable mur d’eau s’abat dans les rues de Pointe-à-Pitre.
Les îlets de Petit Cul-de-Sac sont submergés par quatre mètres d’eau et sur la centaine d’habitants qu’ils comptent, seule une trentaine sont miraculeusement sauvés par deux gabarres à la dérive. Au Gosier, toutes les maisons sont détruites. Des pièces de fer pesant 150 kg de la sucrerie Darbousier sont arrachées et retrouvées à plus de 50 mètres.
A 14 heures, c’est l’accalmie. Elle est de courte durée puisqu’il s’agit du passage de l’oeil du cyclone… Car tout de suite après, comme s’il s’était juste reposé un instant, le vent se remet à souffler pour jeter à bas tout ce qui reste debout.
Après plusieurs heures d’angoisse, vers 19 heures, les rafales se calment. Pour ceux qui se risquent dehors, la vision est horrible. Les rues des bourgs sont encombrées de maisons renversées.
Pointe-à-Pitre est presque complètement détruite. Les rues de la ville ne sont plus qu’un amas de pierres, de briques, de branches d’arbres, de feuilles, de tôle, d’ardoises, de tuiles, de fils télégraphiques, de bois, de poutres. Des barges de la darse sont transportées par la marée de tempête et la force du vent jusqu’à l’emplacement de l’actuel kiosque à musique de la place de la Victoire.
Les rues de Pointe-à-Pitre après la Catastrophe
Quant au bilan, il est inimaginable. Officiellement, le cyclone de 1928 a fait pas loin de 1 300 morts. Un chiffre qui approcherait davantage les 2 000 morts, beaucoup de corps auraient été enterrés à la va-vite.
Les infrastructures du pays sont détruites.
A la suite de la reconstruction, la Guadeloupe va ainsi totalement changer de visage.
Peu peuvent encore témoigner des événements de l’époque.
Pourtant, la mémoire de ce qui s’est passé et des évolutions qui en ont découlé revêt une importance particulière : c’est à partir de là que la population a intégré, dans son quotidien, la notion de “culture du risque”.
A (re) voir le déroulé de cette journée avec ce reportage de Jacky Massicot et Bruno Pansiot-Villon (2018) :
©guadeloupe